lundi 19 février 2018

Origine de L'Ile d'ELLE ....

Vous avez très souvent entendu dans la bouche de quelque historien, guide touristique Nellesais  l’affirmation  comme "historique et donc vraie,"  relative à ce qui serait l’origine de l’identité de notre commune de l’Ile d’Elle. Cette légende  farfelue qui ne repose sur aucun texte historique, résiste  encore et continue à être colportée et mentionnée de nos jours dans certains journaux ou gazettes.
Cette hypothétique attribution à Henri IV, qui ne possédait nullement la terre de L’Isle d’ELLE, demeure et se perpétue pourtant dans certains guides touristiques.
 Si Henri IV est bien venu à Marans en 1587, rien ne prouve qu’il ait visité notre île ! Et encore moins qu’il ait eu une jeune maîtresse Nellesaise 
L’ile d’elle se nommait « Elle » bien avant le règne d’Henri IV, les premières mentions de « Ella » (d’origine probablement gallo-romaine)  remontent au XIIème siècle en 1197, quand le Pape Célestin III  ordonne que la règle de St Benoit soit observée à perpétuité par les religieux de MAILLEZAIS et confirme à cette abbaye la possession des églises qui lui avait été données.
Dans cet acte L’ILE D’ELLE figure parmi les cinq églises de Marans :
« ecclésias de Mareando : Sancte Marie, sancti Stéphani, de Ella, de Cocis, de Carons… »
Ste Marie, St Etienne, ELLE, COSSE et CHARRON. Quelques siècles plus tard, en 1377 « l’Isle d’ELLE » est  bien  mentionnée  2 siècles avant Henri VI, dans un document authentique, découvert par notre association aux Archives de Vendée.
 Billevesée que cette affirmation  qui nous dit que Henri IV aurait fait cadeau de notre « Elle »  à sa belle Corisande.  Notre journaliste local aurait mieux fait d'en vérifier l’authenticité, plutôt que de copier  cette légende inventée et diffusée dans des ouvrages peu sérieux.
 L’historien Nellesais l’abbé Simonneau dans son livre paru en 1888 L’ile d’Elle, Description et histoire, n’en fait aucunement mention et  Henri Tizon en 1961 dans son livre : Petite histoire de L’Ile d’Elle évoque une histoire semblable qu’il qualifie de tellement fantaisiste qu’elle ne mérite même pas d’être réfutée. 
Légende oui mais en aucun cas vérité historique. Rendons à César ce qui n’appartient pas à Henri IV !

L’Ile d’Elle Vendée
En la seigneurie de Marans (alias d’Aligre) Pays d’Aunis jusqu’en 1791.
1377 ,16 août -  Remise de cens dû sur « l’hébergement » de la Guérinière, situé à L’Ile d’Elle, accordée par le seigneur et la dame de Marans à Pierre Mainguy , écuyer. 
Original sur parchemin, autrefois scellé de deux sceaux, provenant vraisemblablement du chartrier de Thouars. Archive de la Vendée, 1J111 (Dossier de pièces versées par les Archives Départementales de la Charente Maritime)
(Pierre Mainguy ou Perrot Mainguy fut l'un des fidèles écuyers du connétable Bertrand du Guesclin aux côtés duquel il a combattu les Anglais dans le Poitou et en particulier à Marans)

 Que nous Tristan et Perrronnelle, vicomte et vicomtesse de Thoars, comte et comtesse de Dreux, seigneur et dame de Marant, d’un meisme assentement et mutue volunté pour ce que bien nous a plu et encore plaist. Et pour les bons services que notre bien amé Pierres Mainguy, escuier, nous a faiz  desquelz nous tenons pour contens de lui et l’en relievons de toute preuve par ces presentes. A icelui escuier present et acceptant et aus siens et à ceulz qui cause hont ou auront deulz, avons donné, quicté et delessié, donnons, quictons et delessons perpetuelement et absoluement quatorze reises d’aveine de cens ou rente en quoi il nous etoit tenu sur et pour cause de son herbergement appellé la Garinière et des appartenences et appendences dicellui, assis en l’Isle d’ELLES qui jadis furent et seuloient tenir et exploicter messire Guillaume de Chaunay, chevalier et Perrette Roaude jadis sa femme, à cause d’elle ou autrement et duquel cens ou rente, nous et noz predecesseurs seigneurs de Marant avoions hou et acoustumé avoir saisine et possession à cause de notre chastel et chastellenie dudit lieu. Et ondit escuier et es siens en avons transporté et transportons touz droiz, noms, raisons et actions que nous avoions, avoir pouoions et devoions tant en saisine que en propriete ondit cens ou rente et es arrerages cheuz dicellui. Et l’en quictons et les siens à touz jours me. Et li en promectons et es siens faire perpetuel et efficax gariment vers toutes personnes quieuxconques. Et promectons en bonne foi cestes choses tenir et havoir fermes et estables  perpetuelment  pour nous et noz successeurs senz faire ne venir encontre. En tesmoing desquelles choses, nous avons donné et donnons pour nous et noz successeurs audit escuier pour lui et les siens, ses présentes très scellées de nos propres sceaux.
Donné le treizieme jour du mois d’Aout en l’an de grâce mil trois cent soixante dix sept.

(Document Terres de Mémoires - Transcription Jean Claude Bonnin, Historien spécialiste de l'Aunis)